Disparition de Raphaël MALLARD : un grand Résistant, très lié avec la Famille BOUDIER,
et, un Membre fidèle de l’Association des Amis d’Etelan

Raphaël MALLARD s’est éteint, paisiblement, à 97 ans, chez sa Fille MARTINE, le Vendredi 27 Novembre dernier.
J’ai rencontré, Raphaël, pour la première fois, en 2011, chez des Amis, Bernard et Claudie MABILLE. Je venais d’apprendre qu’il était un rescapé du tristement célèbre Camp de Concentration de BUCHENWALD, là où mon Grand Père paternel, Georges BOUDIER, avait été déporté et était décédé le 9 Décembre 1944.
Cette rencontre fut un très grand moment d’émotion, car, au fil de la discussion, à notre grande surprise, nous nous sommes aperçus que le destin de Raphaël et de mon Grand Père, Georges, était incroyablement lié.
Raphaël, en effet, qui avait 21 ans en 1944, était un Résistant. Sur dénonciation d’un Français, il est arrêté par la Gestapo, fin Juillet 1944, dans la maison de ses Parents, à SAINT ANTOINE LA FORÊT et il sera torturé dans la Tour Jeanne d’Arc et enfermé à la prison de « Bonne-Nouvelle » de Rouen.
Il est, ensuite, transféré au camp nommé « FRONTSTALAG 122 ROYALLIEU » à COMPIEGNE, où sont regroupés des milliers d’autres prisonniers. Le 17 Août 1944, il fut jeté, avec 1.250 compagnons d’infortune, dans un des wagons à bestiaux et il arriva 4 jours après un voyage inhumain (sous la canicule, sans eau et sans rien à manger), au camp de BUCHENWALD. Ce convoi sera, malheureusement, le dernier train, au départ de COMPIEGNE, qui rejoindra ce camp.
Georges BOUDIER, lui, avait près de 50 ans en 1944. Résistant de la première heure, il a été arrêté début Août 1944, soit quelques jours après Raphaël, sur, lui aussi, une dénonciation d’un Français. Il va suivre le même calvaire que Raphaël dans les mêmes lieux : torturé, emprisonné, envoyé à COMPIEGNE et sera, en fin de compte, dans le même train que Raphaël.
Raphaël, 4 semaines après être arrivé dans le camp, sera envoyé dans une mine de sel et de potasse, à NEU-STASSFURT. Il y travaillera, plusieurs mois, dans des conditions d’une dureté incroyable. Le 11 Avril 1945, sur ordre d’HITLER, qui ne voulait pas que l’on découvre les camps d’extermination et de concentration, il sera forcé de faire, jusqu’au 8 mai 1945, une « MARCHE DE LA MORT DE 366 km » !. Près de 200 déportés seront exécutés ou morts d’épuisement lors de celle-ci. Seulement une soixantaine survivra.
Raphaël (il ne pesait plus que 35 kg !) sera libéré par les Russes, le jour de la Capitulation de l’Allemagne, le 8 Mai 1945, avec, entre autre, un des rescapés, Raymond LEVASSEUR.
Georges BOUDIER, lui, très affaibli, dès son arrivée au camp, ne survivra que quelques mois à BUCHENWALD. Il agonisera et mourut du Typhus, le 9 Décembre 1944.

Cette histoire, déjà, extraordinaire, liant ces deux personnes exceptionnelles, rebondira, un matin de 2013, quand, vers 8h00, je reçois un coup de téléphone de Raphaël.
Il me dit : – Marc, comment vas-tu ? Es tu assis ?
– Non, répondis-je, je suis couché ….. mais que se passe t il ? Pourquoi me téléphones tu si tôt ?
– Figures toi, que je lis, à nouveau, le livre de mon Compagnon d’infortune, Raymond LEVASSEUR, « LES LOUPS DE GERMANIE », édité en 1947. Il raconte sa vie et plus particulièrement, celle dans le Camp de BUCHENWALD. Et je te lis les pages 131 et 132, écoutes bien :
– « ….. Soudain, devant notre wagon, une animation inaccoutumée. Des cris, des coups. La porte grince et s’ouvre. Une dizaine de détenus se précipitent en se bousculant au milieu de nous. ….. Nous essayons de prendre, de voler à la lucarne une bouffée d’air, mais derrière on crie, on injurie et nous sommes obligés de nous accroupir……. Je (Raymond LEVASSEUR) suis assis sur le colis de la Croix Rouge qui bientôt s’écrase. A MA GAUCHE SE TIENT UN BON VEILLARD DE ROUEN, UN DE MES MEILLEURS AMIS DU CAMP (à COMPIEGNE), ARRIVé PAR LE DERNIER CONVOI ET AVEC QUI J’AI TRèS VITE SYMPATHISé. IL S’APPELLE BOUDIER. Tout doucement il gémit ….. »
INCROYABLE ! Non seulement, Raphaël et mon Grand Père ont eu un destin très lié, mais il y a eu un « lien d’amitié » entre eux, via Raymond LEVASSEUR, malheureusement décédé en 1982. Raphaël était un Ami de Raymond, et Raymond était devenu un Ami de Georges.
Ce lien très proche, avec Raphaël et avec sa Fille Martine, nous l’avons eu, Micha et moi, jusqu’à la fin de sa vie. J’ai assisté à deux de ses conférences, dont la première, le 9 Octobre 2011, à Etelan (photo ci-jointe). A 88 ans, dans le grand salon du Château, et devant une salle pleine, il est resté debout 1h30, en mémoire de ses Amis disparus, et nous a raconté sa vie infernale à BUCHENWALD et à NEU-STASSFURT. Toute l’assistance a été très émue par sa prestation très digne.
Nous l’avons vu, Micha et moi, la dernière fois, chez lui, le 29 Octobre dernier. Il était affaibli et nous lui avons dit un « Adieu » émouvant.
Oui, « Au revoir très cher Raphaël ». Tu as été une belle personne et nous ne t’oublierons jamais. Et cela me rappelle ce que tu écrivais quand tu dédicaçais tes récits, mais, cette fois au sujet de la Seconde Guerre Mondiale et des Camps : « N’OUBLIEZ JAMAIS ».
A Martine, sa Fille, à ses Petits Enfants, à ses Arrières Petits Enfants, à toute sa Famille, la Famille BOUDIER et les Membres de l’Association des Amis d’Etelan, vous présentent leurs très sincères condoléances.