Il me fut impossible de poursuivre mon précédent petit texte au-delà du moment magique que fut le récit de Jean Giono sous le grand tilleul d’Etelan, semblable à quelque oiseau géant couvant de ses ailes immenses les deux oisillons insolites qu’étaient le conteur (Henry Dubos) et la musicienne (Tania Dubos). Ce fut si fabuleux que je n’eus même pas conscience d’être piquée par les moustiques, si heureux de faire bombance des épaules et jambes nues ! Ce n’est que le lendemain que je constatais l’étendue des … démangeaisons. Bien fait pour moi : j’avais refusé la vaporisation anti-moustique que le toujours très attentif Marc Boudier avait proposé aux spectateurs !

En même temps, couplet écolo, l’abondance de moustiques nous assurait, sous le tilleul comme précédemment dans la garenne, qu’à Etelan on ne répand pas de ces épouvantables produits chimiques qui font disparaître insectes, petites bêtes des champs, oiseaux du ciel. Dans ce vert domaine les coccinelles se posent au cœur des roses, les abeilles butinent la lavande de la première terrasse (il y en a 3, la dernière conservant un très ancien anneau d’amarrage), les escargots dessinent des sillons d’argent sur les murs ; et dans la garenne on peut parfois surprendre écureuil ou chevreuil. Bref : Etelan est un paradis, où la magie est partout car on peut même apercevoir, sur la Seine à présent retirée au loin, des bateaux et containers qui semblent naviguer dans les champs.

Mais, pour en revenir aux oublis concernant ces festivités de juin, qui partirent de l’idée première d’inaugurer l’allée cavalière Jacques Boudier, il faudrait conter l’envers du décor qu’en furent les préparatifs, où notre petite équipe s’est affairée pendant des semaines. Ce serait fastidieux, je vous épargne ce récit. Mais c’est au fil de ces préparatifs que le projet s’est gonflé des animations artistiques qui nous enchantèrent, la joyeuse troupe « Les 3 coups l’œuvre » ayant officié dans la garenne le 2. Quant au texte de Giono, il connut une suite car après la performance des comédiens, Olivier Desvaux dédicaça « L’homme qui plantait des arbres », tout juste sorti des presses. C’est une petite merveille, et qui ne doit même pas à l’imagination car cet artiste est allé crapahuter sur les lieux-mêmes dépeints par Giono, afin que ses illustrations soient au plus près de la réalité provençale. Nous avions donc aussi, ce 3 juin, un libraire proposant, outre l’album d’Olivier, des livres consacrés … aux arbres, vous l’auriez deviné ! Un vrai libraire. J’entends par là un amoureux des livres et non pas un simple commerçant. Il a d’ailleurs quelques … 5000 ouvrages, dans une librairie baptisée « La Déviation », boutique à façade étroite mais qui est – revenons-en aux contes – une véritable caverne d’Ali-Baba, à Caudebec-en-Caux, cette si jolie cité que gouverne son charmant maire Bastien Coriton, fidèle d’Etelan.

Quant à Olivier Desvaux (revenons-en aux moutons du texte de Giono !) s’il a montré ses talents d’illustrateur, il poursuivra par une exposition des ses peintures, aux cimaises d’Etelan du 1er juillet au 16 septembre. Mais actuellement Olivier est précédé par le photographe Yves Richard, qui nous propose de merveilleux portraits … d’arbres ! Ces deux expositions successives méritent évidement le déplacement, aux jours et heures d’ouvertures (oui : avec un pluriel car elles varient) du château. Ces découvertes sont comprises dans le modique tarif des visites, toujours effectuées, d’un verbe abondant, par Alain ou Marc Boudier. Pour plus de détails consulter notre site internet, régulièrement mis à jour par Basile Boudier (troisième génération du nom, la 4° étant déjà précocement sur les traces des précédentes).