Non : il ne s’agit pas d’un de ces contes comme j’aimais en écrire jadis, y faisant la part belle aux animaux et aux forêts.

Car peut-on encore rêver de belles histoires dans le monde tel qu’il tourne en cet effrayant 21° siècle ?

Non.

Je ne rêve plus : je signe des pétitions.

Et pourtant, hier, l’évènement s’approchait du conte.

Alors, commençons par la formule habituelle : Il était une fois, par un jour froid de novembre, une petite troupe frileusement rassemblée autour d’un jeune arbre, juste planté, et dont le vent mauvais avait déjà arraché toutes les feuilles d’or. Il faisait un peu pitié, ainsi dénudé. Nous pouvions néanmoins lui accorder confiance car c’est un …Ginkgo Biloba. Ce nom, déjà, séduit

nos oreilles. Le premier du genre poussa sur notre planète, bien avant les … dinosaures ! L’Europe le découvrit, en Asie, au XVII° siècle, et un botaniste anglais, commerçant redoutable, en céda 5 plants à un confrère français, M. de Pétigny, pour une somme astronomique qui valut au Ginkgo le joli surnom d’arbre aux quarante écus. C’était en 1788, année ou la France était plus occupée de politique que de botanique. Mais les Ginkgos se moquent bien des hommes et des révolutions, qui passent, alors qu’eux sont éternels, n’ayant ni prédateurs, ni parasites, ni maladies. Nous pouvions donc, hier, autour de note jouvenceau, être emplis d’espérance quant à son sort, l’un de ses congénères ayant résisté au bombardement atomique sur Hiroshima.

Et les Lions, que viennent-ils faire dans cette histoire ? Vont-ils enfin apparaître sous ma plume ? Aurions-nous installé une ménagerie à Etelan, telle que s’en constituèrent Jehan Ango et Catherine de Médicis ?

Point. Notre folie, commune à celle de tous les défenseurs du Patrimoine ne va pas à ces extrémités. Les Lions en question – oui : au pluriel et avec une majuscule – sont un club de philanthropes, créé il y a juste un siècle, par Melvin Jones, citoyen américain. Et notre enfant Gingko d’Etelan a donc un surnom particulier : l’arbre du centenaire. Il a aussi une jolie plaque, pour marquer ce jour où les Lions du club le plantèrent à Etelan. Nous l’avons abandonné à son avenir après les discours d’usage, filant nous réchauffer près des feux de bois allumés dans les cheminées du château…