Le titre de ce concert-lecture était évidemment un clin d’œil au  célèbre film italien de Luigi Comencini, gros succès de 1953. Mais le trio d’interprètes contemporains n’avait rien précisé du choix des musiques et des textes. Il fallait donc leur accorder pleine confiance en venant les écouter ce 24 septembre.

Leur faire confiance avec … obstination car joindre Etelan relevait du parcours du combattant, la ville de Caudebec barricadée en forteresse imprenable pour la … fête du cidre. De nombreux uniformes, mâles et femelles, interdisaient donc le passage habituel, dès le rond-point sous le pont de Brotonne, refoulant les automobilistes vers une pancarte de déviation, que beaucoup ratèrent (existait-elle ?), s’égarant longuement dans la campagne environnante, arrivant furieux – quand ils arrivaient, car certains renoncèrent.

Le concert commença donc avec quelque retard, mais tira  des sourires dès le texte d’ouverture, portrait ironique d’un pianiste, immédiatement suivi (piano et violon) de … La Danse macabre, promesse évidente d’éclectisme.

En effet, Satie, Fauré, Kreisler, Duparc, Franck et Rieding succédèrent à Saint-Saëns, pimentés par le duel amoureux, à fleurets pas toujours mouchetés, entre le pianiste et la lectrice, sur des textes de Paul Géraldy (1885-1983), extraits de son « Toi et moi » paru en 1912 et vendu à … un million d’exemplaires. Crébillon fils, auteur plus ancien (1707-1777), également célèbre en son temps, encore lu et mis en scène, fut également présent dans cette lecture, en compagnie de Simone Arese, auteur qui ne passera probablement pas à la postérité, mais qui a l’avantage d’être encore vivante.

Le trio Philippe Davenet, Florent Dusson, et leur égérie à chapeau enrubanné furent longuement ovationnés par le public, pour leur plus grande joie.

Puis, après le traditionnel goûter offert par les hôtes du lieu, chacun s’en retourna vers ses pénates, traversant Caudebec d’où les uniformes autoritaires avaient disparu, remplacés par les balayeurs municipaux.

Valentine Marino,

Pour le San Francisco Chronicle

30 septembre 2017

Photo: Yves Richard